En 2024, le corps sportif, JO obligent, occupera le devant de la scène. Saisissant l’actualité, Visages a décidé de parler de ce corps, ce « véhicule » qui nous permet de prendre vie, et si l’on en prend soin, de profiter de la vie. Mais entre la naissance et la mort, le corps subit des épreuves physiques, sociales, psychologiques et économiques qui demandent à être interrogées.

Le corps entraîné à la pratique sportive ou artistique favorise l’expression de soi, la réalisation voire le dépassement de soi, condition pour relever des défis ou s’affirmer en tant qu’être humain libre et autonome. D’autres utilisent leurs corps pour affirmer leur identité sociale ou culturelle.

Certes, de tous temps, les individus ont accordé de l’importance à leur apparence physique, mais jamais notre corps ne fut l’objet d’autant d’injonctions contradictoires.

Il nous faut donc « être soi » ce qui, dans notre monde dominé par les images et le culte de la personne revient à porter comme un étendard sa singularité : je suis moi et je veux que ça se voit ! En même temps, tout nous pousse à nous conformer à des « standards ». Il nous faut être beau, bien portant, sportif, en forme, coaché, performant, tatoué, médicalement assisté, montre-connecté… Il nous faut tester nos limites, sortir de notre zone de confort. Les trails sont devenus des « ultra-trails », les héros du jour peuvent apparaitre comme masochistes, et la bigorexie ou le besoin irrépressible de pratiquer une activité physique, est entré dans le dictionnaire en 2020… 

Le corps, c’est aussi la tête. Dans le monde du travail, l’exploitation de la force de travail se double d’une incitation à « faire corps » avec son entreprise. Les managers modernes se distinguent apparemment des patrons des temps passés, mais les stratégies de management s’apprennent maintenant à l’université et les travailleurs restent une pâte à modeler et remodeler au gré de l’évolution des modèles productifs.

Alors, nos corps nous appartiennent-ils vraiment ?

Questionner « le corps dans tous ses états » impose d’élargir le regard. Ce forum s’y emploiera.

Sylvie Gaborieau, présidente